Après les longs mois d’hiver aux courtes journées, nous voici à l’orée de l’été : au dessus de l’eau, les cieux flamboient en des crépuscules somptueux.

Nos préparations arrivent enfin à terme ; c’est qu’il faut tout vérifier, tout contrôler : le moteur qui dépanne en cas de « pétole » (quand le vent disparaît tout à fait), les voiles propulsives, les drisses et les écoutes, mais également le circuit électrique (hier soir notre nouvelle glacière refuse de refroidir : mais où est donc le fil responsable du mauvais contact ?) le circuit d’eau, les vannes, passe-coques. Sur notre voilier j’apprends une nouvelle langue !

Nous apprivoisons Aleph de « fond en combles » littéralement : nous nous sommes offerts une nouvelle ancre accrochée à ses 60 mètres de chaine et je suis montée au mât (qui culmine à 18 mètres au dessus de l’eau) en l’honneur de mon grand-père, guide de haute montagne. Savait-il seulement qu’on pouvait grimper en rappel ailleurs que sur ses montagnes tant aimées ?

L’avitaillement se déroule au fur et à mesure que la maison se vide… Je reviens une dernière fois au chalet, je contemple, le cœur ému « ma » vue sur « mes » montagnes, les Dents du Midi et plus que jamais je comprends que partir, c’est aussi renoncer. Je dois m’alléger, couper les racines qui n’ont de cesse de pousser de ces plantes particulières (de pied, donc) et, tel Hermès, me chausser de sandales ailées pour mieux me libérer et rejoindre les dieux.
Je me déracine des montagnes de Champéry et de la terre de Lussan, mes villages de cœur, pour m’ancrer sur Aleph. Ancrage tout relatif, puisqu’il sera mouvant et sans cesse renouvelé. Serait-ce la différence entre la racine et l’ancre ? Pourtant les deux verbes (enraciner, ancrer) semblent synonymes…

… Bientôt le départ, fixé au 1er mai (nous attendrons de toute façon l’assentiment d’Eole). Après des mois d’impatience, voici une petite boule qui s’installe au fond du ventre : elle s’appelle l’anticipation, je la connais bien et elle me réveille parfois aux petits matins. Je me rassure : je suis humaine, ne maitrise pas mes émotions. C’est émouvant de tout lâcher pour ne vivre que dans l’improbable et l’inconnu.
Humaine et légèrement anxieuse, je n’en reste pas moins heureuse, je fais la planche au soleil (métaphorique, s’entend : l’eau est encore trop froide !) et je me laisse doucement déraciner, pour mieux m’ancrer à bord de notre nouvelle demeure.
Avec le printemps revenu souffle un vent de renaissance…
Bon vent et profitez un max…
Merci pour nous faire vivre et partager à distance vos préparatifs et votre voyage.
A bientôt, me réjouis de vous lire Fabienne !
Dominique
Bon vent et Merci pour nous faire vivre a distance vos préparatifs.
Je me réjouis de lire la suite !
Dominique
Eole est un bel ami à qui se confier!
…,,mais est-ce vraiment nécessaire de s ancrer ou s enraciner? Je me suis souvent poser cette question. Mais c est peut-être parce que je n ai jamais eu la véritable sensation mentale de mes choix …. Juste pour un instant se laisser porter par les flots.
Que d’émotions ! Heureusement, elles viennent te troubler petit à petit. Entre le rêve et la réalité… Bientôt, bientôt, votre voilier glissera sur l’eau et tu auras cette fois-ci lâché les amares !
Bonne suite et bon vent pour vos voiles
Chère Fabienne,
Je vous souhaite un bon vent pour ce départ vers l’aventure!! Grâce à lui vos racines seront constamment renouvelées!! La vie c’est le mouvement. Parole de danseuse :-))
Bonjour
Merci pour tous ces partages, on se sent un peu avec vous.
Bonne suite de voyage
Elsa
Chère Fabienne,
Quel bonheur de te lire, je voyage et vis cette fantastique aventure à travers ton écriture. Merci pour ces magnifiques partages 🙂
Ayant également un voilier (lacustre), je ressens toutes ces émotions.
Chaque départ est un moment particulier 🙂
Bon vent et que ces instants de vie vous soient inoubliables.
Au plaisir de te suivre étape par étape.
Bisous à vous deux et prenez bien soin de vous.
merci pour tes mots, au plaisir de se revoir, pourquoi pas en mer, pour wincher en coeur toutes les deux !
Merci du partage de ces instants, une mise en mouvement… et la fébrilité d’une émotion, celle de perdre de vue le rivage et porter son regard à travers l’autre, les autres, une somme de surprises secrètes – avenir….ce sera le voyage, lové au flan des vagues, une énergie forte!
Je me réjouis d’en lire les traces.
En douces pensées.
Bashùsha