Seulement des sillages sur la mer

L’année 2022 s’est officiellement installée et je la réserve à une vie de nomade. Ce matin on m’offre les mots d’Antonio Machado, un poète espagnol : « Marcheur, il n’y a pas de chemin, le chemin se construit en marchant. En (…) regardant en arrière on voit la sente que jamais, on ne foulera à nouveau. Marcheur, il n’y a pas de chemin, seulement des sillages sur la mer »

Les sillages sur la mer sont le témoin éphémère de cette marche nomade, la preuve que, certes tout petits face au grand Tout, nous sommes assez réels pour laisser une trace qui s’efface.

J’aime l’idée d’avancer sur les mers grâce aux voiles et au bon plaisir d’Eole et de tous les autres vents. Avancer, c’est ce que nous faisons tous chaque jour, empli d’une idée (erronée) de contrôle : « je prends ma voiture, j’attrape le train de 7h38, je me rends à mon rendez-vous, etc ». Sur les mers, il n’y a que l’eau, le vent, un voilier et aucun rendez-vous. Et moi, je fais de mon mieux pour laisser un sillage éphémère et je contemple cette trace qui, en disparaissant, m’apprend l’impermanence de ma vie.

Le macrocosme & le microcosme, l’Univers et chacun de nous, infime entité qui permet justement à l’Univers de s’écrire avec une majuscule, formée de nous tous. Car qu’est-ce que l’océan, si ce n’est une multitude de vagues et que serait la vague sans l’océan ?

Ce matin, en ce début de l’année 2022, je lève mon verre (ma tasse de thé) à l’Unité de l’Univers, aux mille sillages que nous laissons sur les vagues, à l’impermanence et à la joie d’être.